La France brûle de rallumer la flamme olympique en 2018

Annecy, Grenoble, Nice et Pelvoux, par ordre alphabétique, briguent la candidature à l’organisation des JO. Une jolie ambition. Et une longue marche dans les arcanes des instances pour se relancer après le traumatisme de Paris 2012.

Flash-back. «Londres…» 6 juillet 2005, à Singapour, cadre de la 117e session du Comité international olympique, les Jeux olympiques d’été 2012 s’envolent vers la candidature portée par Sebastian Coe et Tony Blair. Paris, finaliste malheureuse, voit le générique de fin défiler, le rideau tomber. Le rêve se déchirer. En une fraction de seconde. Une troisième candidature estivale froissée en un peu plus de vingt ans (1992, 2008 et 2012). Un couperet. Henri Sérandour, le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), annonce lors de la présentation des vœux en 2006 que «la France ne sera pas candidate aux Jeux olympiques d’été avant… 2024».

Frustration, douleurs et doutes se mêlent, privant, dans un premier temps, toute candidature tricolore pour recoller les anneaux, même sur le versant de l’hiver. Annecy et Grenoble s’étaient démarquées, voulant déjà ouvrir le volet 2014, avant de voir leurs doigts coincés dans le frêle espoir. Le 24 septembre dernier, le conseil d’administration du CNOSF donnait finalement son feu vert pour 2018, pénitence et cicatrices refermées. Une course relancée. Pour tenter de rallumer la flamme.

«Cet élan pour l’un des plus grands pays de ski et cet enthousiasme représentent une bonne nouvelle pour le sport français. 2018 peut servir le projet de développement des sports d’hiver, voire d’été. La qualité de la candidature doit primer, faire valoir ce qu’elle impliquera en termes de développement du sport, de retombées sociales, économiques et de développement durable », présente Jean-Paul Clémençon, directeur de cabinet du président du CNOSF.

Première étape le 18 mars 2009

2018, les XIIIes Jeux d’hiver, une longue course d’obstacles. Calendrier. Après la déclaration officielle des quatre villes françaises requérantes, la date limite de retour du dossier de candidature se plante le 21 janvier 2009. Place ensuite à l’analyse des dossiers par un comité d’experts. Le 18 mars prochain, le conseil d’administration du CNOSF décidera de l’opportunité ou non de présenter une ville française au CIO. Enfin, la ville lauréate pour accueillir les Jeux olympiques d’hiver 2018 sera élue en juillet 2011, à Durban. Ouf !

Sur la ligne de départ, deux candidatures se dégagent, celles défendue par l’Allemagne autour du projet Munich-Garmisch et celle portée par la Corée du Sud avec Pyeongchang (battue sur le fil pour 2010 puis pour 2014), quand rôde le dossier construit par Denver (États-Unis). Tromsoe (Norvège) et Genève (Suisse) s’étant, elles, finalement retirées. En l’état actuel, la France ne peut se vêtir que dans les atours d’outsider, viser la short list, rêver d’une place en finale. Un rôle, une posture pouvant, dans les arcanes de décision prendre de la consistance, de la pertinence dans les semaines et les mois à venir. Une œuvre minutieuse, éminemment politique, à mener avec soin autour de dossiers bien ficelés. Annecy (dans un style comparable à Lillehammer 1994), Grenoble (entre souvenirs et avenir pour viser une deuxième visite de l’événement comme avant elle Innsbruck et Lake Placid), Nice (dossier ressemblant à Vancouver 2010 et Sotchi 2014) et Pelvoux (l’atypique candidature nature, à 30 km de Briançon).

Des éléments extérieurs peuvent enrichir ou alourdir l’épais dossier. L’Europe peut-elle encore être servie après Athènes (2004), Turin (2006), Londres (2012) et Sotchi (2014) ? Les championnats du monde de ski alpin disputés à Val-d’Isère (du 3 au 15 février prochain) pourraient, par ricochet, peser. Ils éclaireront ou jetteront un voile sur les précandidatures par l’enthousiasme suscité ou le désenchantement enregistré. Enfin, l’épée de Damoclès représentée par la crise financière actuelle et ses turbulences doit également être prise en compte au moment d’établir la copieuse feuille de route. «Comme en matière diplomatique, il convient d’atteindre les objectifs en tenant compte des contraintes. On sait trouver les solutions où elles sont. Quand rien n’est possible, tout le devient. Il sera question d’aménagement, d’écosystème. Il convient de faire face avec les contradictions du moment, en inventant, par exemple, la patinoire des temps modernes, écologique… Il y a de multiples choses à imaginer», suggère M. Clémençon.

Faites vos Jeux. «J’espère que la France pourra être au rendez-vous pour le ski mondial», plante Sophie Dion, conseillère sport auprès de la présidence de la République. La course contre la montre est lancée. Dans les arcanes des instances, toujours porteuses d’épais mystères, dans les lieux de pouvoir. Pour peser. Se reprendre aux Jeux.

Ce texte a été publié par Lefigaro.fr

Auteur de l’article : Rédaction

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